Si ce message ne s'affiche pas correctement cliquez ici

             
 

L'AUTO FRANCO-RUSSE

 
             

 

NUMÉRO 2

 

Les Lettres du Fil

Publié par l'Agence du Fil SARL@2006

Prix de vente : 10 euros TTC

 

Français     English     Русский

           
ACCELERATION A L'EST l
les bienfaits du Décret 166  
   
LE MYTHE DU LOW COST l
le choix du site pour l'usine est crucial  
   
UN GRAND POTENTIEL l
pour les services auto  
   
RENAULT S'AGRANDIT l
l'usine reste à Moscou  
   
LES SYNDICATS DANS L'AUTOMOBILE l
une  présence de plus en plus visible  
   
OBJECTIF: 200 CENTRES l
le réseau AV-TO vise grand  
   
LES LEADERS DES VENTES l
l'avantage à ceux qui fabriquent sur place  
   
LA REPARTITION DU PARC l
elle est inégale à travers le pays  
   
VADIM SHVETZOV l
le nouveau patron de Severstalavto  
   
EN BREF l
les dernières nouvelles du marché  
   
AGENDA l
les rendez-vous de l'automobile en Russie  
 

Cher lecteur,

Ce N°2 de l’Auto Franco-Russe vous présente plusieurs avis d'experts sur le développement de l'assemblage automobile en Russie. Un patron des centres auto vous fait partager sa vision de l'aftermarket. En fin de lettre, vous trouverez toutes les nouvelles des fournisseurs de composants qui s'installent sur ce marché.
Pour vous familiariser avec cet univers, nous vous proposons désormais un "Panorama des constructeurs auto en Russie". Mis à jour en juin 2007, c'est un catalogue exhaustif de tous les acteurs de l'assemblage sur le marché national. Pour le consulter, rendez-vous sur www.autofrancorusse.fr. Bonne lecture !

Alexis Nekrassov, rédacteur en chef

 

 

 
       
   

L'EVENEMENT

     
         
   

ACCELERATION A L'EST

 
           
   

Les zones économiques spéciales et le « Décret 166 » réglementant l’assemblage, ont favorisé la venue des constructeurs étrangers. Ils sont aujourd’hui récompensés par des ventes record.

   
         
   

Depuis des années, les acteurs du marché annonçaient une renaissance de l'industrie automobile Russe qui se faisait attendre. Aujourd’hui il semble bien que le train soit désormais en marche et qu'en l'occurrence il s'agisse d'un TGV!
La demande en véhicules automobiles neufs a cru de 20% en Russie en 2006. Elle s'est inscrite dans une courbe exponentielle: avec deux  millions de ventes réalisées en 2006 le marché russe à connu une croissance globale de 20%. Selon Ernst & Young, les ventes de véhicules de marques occidentales assemblés en Russie ont pour leur part cru de 80%, s’établissant à 13% des ventes totales. Les importations de véhicules neufs ont progressé de 60% à environ 750 000 unités tandis que les véhicules de fabrication russe passaient de 46% à 37% des ventes totales.
Au delà des volumes c'est la structure de la demande qui évolue: de plus en plus, l’automobiliste Russe se soucie avant tout de qualité et d’image lorsqu'il fait l'acquisition d'un véhicule, le prix passant au second rang de ses considérations. Ainsi, toujours selon les études de Ernst & Young en Russie, ce sont les ventes de véhicules sur le segment US$ 20 000-25 000 qui ont le plus progressé, suivies par les segments US$ 10 000-15 000 et US$ 25 000-30 000.

Les bienfaits des zones économiques spéciales et du « Décret 166 »

Parmi les zones économiques spéciales créées en Russie, plusieurs ont développé des filières spécialisées dans l’automobile. Les sociétés implantées dans les ZES bénéficient en effet d’exemption sur les droits de douane pour les composants importés et qui seront ré-exportés, ainsi que de taux réduits sur les importations de composant intégrés dans des produits destinés à être vendus en Russie. D’autres avantages sont liés aux ZES tels que des taux réduits d’IS et d’autres taxes sur les investissements.
Mais la disposition cruciale pour le développement de l’industrie automobile en Russie, a été le Décret 166 du 22 avril 2005, qui prévoit une quasi-exemption des droits de douane (de 0 à 5%) pour tout constructeur s'engageant dans un projet d'usine de production locale d'au moins 25 000 véhicules par an. La condition à remplir pour bénéficier de ces facilités consiste à « localiser » 50 % de la valeur globale dans les 5 ans. C'est à dire de faire fabriquer 50% du coût en Russie, ce qui est plus facile à dire qu'à faire… Les investisseurs s’engagent dans le même temps à mettre en route localement des installations de soudage, de peinture et d’assemblage de véhicules.
L’effet du décret 166 a été fort et quasiment immédiat : quelques semaines après sa signature le coréen KIA annonçait le lancement d’une usine de production de véhicules sous régime d’assemblage, en partenariat avec Izhavto. Puis c’est l’usine Ford de Vsevolojsk dans la région de Saint Petersbourg qui est rapidement passée sous le régime d’assemblage. Depuis, Severstalavto a lancé la production de tout-terrains SsangYong, puis bientôt de modèles Fiat, dans ses usines d’Alabouga; Renault-AvtoFramos a produit près de 50 000 Logan en 2006, etc.
A l’horizon 2010 General Motors, Nissan, Toyota, Volkswagen, pour ne citer qu’eux, produiront des centaines de milliers de véhicules sous régime d’assemblage en Russie. On prévoit en effet la mise en production de sept nouvelles usines de production d'automobiles des marques mondiales en Russie entre 2006 et 2009, ce qui permettra de dépasser le million de véhicules de constructeurs étrangers produits dans le pays dès 2010 et d’atteindre 1,2 million en 2012.

Les constructeurs étrangers produisant localement se frottent les mains

La 10ème conférence Adam Smith sur l'industrie automobile en Russie, s'est déroulée dans un climat de douce euphorie à Moscou en mars 2007. On a pu constater dans les salons de l'hôtel Marriott que les constructeurs étrangers qui s'étaient risqués à investir dans la construction d'usine ont définitivement gagné leur pari.
Renault Avtoframos, une joint venture entre Renault et la Mairie de Moscou, a vendu 72 484 véhicules en 2006 dont 49 323 Logan produites localement, soit une progression de 148% sur 2005. La Russie est devenue le 9ème marché de Renault au monde. Renault Avtoframos a pour cela développé un réseau de 71 distributeurs et 91 points de vente dans 55 villes. Un travail de Titan pour qui connait la géographie du pays.
Le constructeur prévoit de vendre plus de 100 000 véhicules^par an en Russie à partir de 2009. Toujours en 2009, la capacité de production devrait être portée à 160 000 véhicules par an et des nouveaux modèles de Logan y seront produits, selon un protocole d’intention signé avec la Mairie de Moscou. L’investissement s’élèvera à 150 millions de dollars, avec le recrutement de 1000 personnes supplémentaires.
Jean-Michel Jalinier, directeur général de Renault Avtoframos estime qu’il est indispensable de localiser le plus possible de la production en Russie pour parvenir à s’imposer dans le pays. Il met en garde contre la croyance selon laquelle la Russie serait un pays « low cost » : « ex-works les pièces nous coûtent 5% de plus ici qu’en Roumanie par exemple. Mais nous voulons réussir en Russie et donc nous achetons localement ».
Ford, qui aime à rappeler qu'il a livré la première usine automobile à la Russie en 1932, est l'autre constructeur récompensé de ses efforts dans le pays : seulement quatre ans après avoir ouvert la première usine à capitaux entièrement étrangers près de Saint Petersbourg, le groupe à réalisé en Russie un chiffre d'affaires de 2 milliards de dollars en 2006, contre 175 millions de dollars en 2000.
L'usine Ford de Saint Petersbourg est l'une des plus complexes du groupe en Europe: elle produit quatre modèles différents de la Focus avec 6 motorisations, 3 transmissions, 4 séries et des centaines d’option possibles. Ford va continuer à investir en Russie en 2007 avec la construction à Moscou d’un entrepôt de pièces détachées et d’un centre de formation.
De nombreux constructeurs ont saisi l’opportunité du décret 166 pour décider d’investissements significatifs dans des capacités de production en Russie, seuls ou en partenariat avec des constructeurs russes : GM (40 000 unités à Kaliningrad et 25 000 à Saint Petersbourg), Toyota et Nissan (50 000 unités chacun à Saint Petersbourg), Fiat (40 000 véhicules par an en partenariat avec Severstalavto), etc.
Les Russes semblent abandonner la logique qui voulait que l’industrie automobile Russe renaisse de ses cendres seule et sans apport d’acteurs occidentaux, au profit d’une stratégie pragmatique de partenariat avec des constructeurs étrangers qui apportent financements, technologies, méthodes, en échange d’un accès au gâteau russe.
Cette évolution est on ne peut mieux illustrée par la cession du groupe Severstalavto du nationaliste Alexei Mordachov (qui a poussé le 4x4 Patriot de conception locale) à Vadim Shvetzov, beaucoup plus ouvert aux partenariats avec les occidentaux.

Les besoins en pièces détachées de fabrication locale se font pressants

Si s'engager sur l’assemblage de 25 000 véhicules par an avec 50 % de la valeur globale sourcée en Russie dans les cinq ans est chose aisée, respecter cet engagement s’avère en revanche être un véritable challenge. L’expérience des acteurs présents dans le pays a démontré que les fournisseurs russes de composants automobiles ne sont généralement pas capables de s’aligner sur les standards internationaux de qualité et de coûts en vigueur en Occident, ni de garantir la qualité nécessaire. Ceci est dû pour partie au fait que chacun d’entre eux à développé une relation quasi exclusive avec ses clients historiques et ne s’est jamais réellement préoccupé de qualité avant ces dernières années.
Gérard Cohadier, directeur des Achats de Renault AvtoFramos, avoue qu’après avoir audité trente-trois fabricants russes, aucun n’a obtenu la note A, deux ont obtenu la note B, dix la note C et vingt et un la note D… « Or nous sommes dans l’obligation de sourcer 50% de la valeur de la Logan rapidement. Nous sommes donc à la recherche des solutions qui nous permettraient d’atteindre cet objectif. Nous envisageons de regrouper les achats Renault et Nissan, de nous regrouper avec d’autres constructeurs... Nous avons mis en place les moyens nécessaires à apporter une assistance importante aux fabricants locaux qui s’engageront avec nous ».
Le développement des constructions automobiles en Russie, que favorise l'implantation d'unités d'assemblage de marques étrangères, est donc confronté à un déficit en composantes, tandis que les fournisseurs traditionnels des géants automobiles étrangers, semblaient jusqu’à récemment, peu enclins à venir s'établir en Russie.
Cette situation est en train de changer. Plusieurs entreprises sont en train de créer des partenariats voire d'implanter directement leurs usines pour produire sur place dans des conditions fiscales favorables et fournir plusieurs constructeurs à la fois. S’installer sur le marché russe, c’est désormais l’enjeu pour les fournisseurs occidentaux.

Alain Bastid

   
   

retour au sommaire

   
         
  YOUR PARTNER TO EXPLORE RUSSIAN MARKETS OPPORTUNITIES : +33 1 47 63 18 18  www.square-strategy.com  
       
   

PAROLES D'EXPERTS

 

   
         
    LE MYTHE DU LOW COST  
         
    Les coûts de production dépendent beaucoup des régions, selon l’avis d’Ivan Bonchev, responsable du secteur « Automotive » chez Ernst & Young en Russie    
         
   

L’Auto Franco-Russe : Quel est l’état du marché des composants automobiles en Russie ?
Ivan Bonchev : Ce marché suscite un grand intérêt. A la dernière conférence spécialisée à St Petersbourg il y a eu près de 200 fournisseurs locaux de composants et environ 100 étrangers. Il n’y a pas assez de fournisseurs de qualité en Russie. Cela explique les assouplissements du régime douanier pour tous ceux qui font venir des composants automobiles. Même le constructeur russe Avtovaz peut maintenant importer des composants sans droits de douane. Idem pour IzhAvto qui assemble des Kia, ou pour SeverstalAvto. Pour l’instant c’est de l’importation car tant que la demande en composants n’avait pas atteint une masse critique, on ne pouvait pas encore construire des usines.
En même temps Magna a plusieurs projets en cours en Russie. Valéo qui fabrique des câbles sous licence près de Moscou (société Itelma – NDLR), cherche aussi à réaliser une joint-venture. Faurecia fabrique des pare-chocs en partenariat pour Renault. Progressivement les constructeurs vont inviter leurs fournisseurs à venir s’installer en Russie. Par exemple l’alliance Renault-Nissan a peut-être plus de marge de manœuvre pour faire venir ses fournisseurs puisqu’ils peuvent promettre en commun des volumes supérieurs

- Est-ce que la Russie est un pays de production à faible coût ?
- Le "low cost" est en grande partie un mythe. Les coûts dépendent des régions. Moscou ou St Petersbourg sont des régions très chères aussi bien pour les terrains que pour la main d’œuvre. Et les facilités accordées par les administrations régionales comme c’est le cas à St Petersbourg et ailleurs, ne sont pas très élevées et leur durée est limitée. Par exemple les taxes réduites ou l’exonération provisoire de l’impôt sur le bénéfice – mais de toute façon il n’y aura pas de bénéfice au début. Dans le choix de l’emplacement il est plus important de privilégier les facilités logistiques, les services déjà existants, une main d’œuvre pas trop chère et surtout une politique locale favorable aux investisseurs étrangers.

- Les zones économiques franches répondent-elles à ces critères ?
- Les zones franches sont intéressantes pour l’outsourcing, pour ré-exporter la production. La zone franche de St Petersbourg est une zone dite « technologique », les avantages qu’elle offre ne concernent pas la production industrielle. En revanche la zone d’Alabouga au Tatarstan est une zone industrielle. Elle est située à proximité de l’usine automobile Kamaz et de celle de SeverstalAvto qui doit assembler des Fiat Ducato et des Ssanyoung. C’est intéressant de s’installer à Alabouga si on a le projet de fournir à ces usines. M.Shvetsov, le nouveau patron de SeverstalAvto est très orienté vers des partenariats internationaux. Ils ont déjà mis en place la production des pièces de carrosserie avec une entreprise britannique (Stadco – NDLR).

- Le marché de seconde monte présente-il un intérêt comparable à celui des usines ?
- Aujourd’hui le marché de seconde monte est pénalisé par la contrefaçon, les importations grises et les optimisations douanières. Pour l’instant les hommes d’affaires russes préfèrent investir dans la vente des automobiles plutôt que dans l’aftermarket parce que les marges dans la vente sont supérieures. Il n’y a pas de réseaux nationaux de centres de services car le parc est encore composé à moitié des voitures de plus de dix ans d’âge. Il s’agit donc surtout des voitures de conception locale dont les propriétaires ont l’habitude de pratiquer une démarche économique. Ils achètent des pièces et les posent eux-mêmes, ou bien ils font appel aux petits artisans. Mais le marché présente un grand potentiel. Les voitures importées et celles assemblées sur place par des constructeurs internationaux, bénéficient d’une garantie et du SAV jusqu’à trois ans auprès du réseau constructeurs. Avec l’augmentation du nombre de véhicules ayant dépassé l’âge de trois ans, la demande pour des réseaux nationaux va augmenter.

   
         
   

l Qui est Ivan Bonchev ?

   
   

Responsable du secteur « Automotive » chez Ernst & Young en Russie, son cabinet propose l’accompagnement, la recherche des partenaires y compris régionaux, l’assistance dans le choix des structures des entreprises, l’optimisation fiscale, etc
http://www.ey.com/global/content.nsf/Russia_E/Home
M.Bonchev est aussi vice-président de la commission « Automotive Components » au sein de l’Association of European Businesses, qui est une structure de lobbying dans l’intérêt des fabricants des composants et de l’afetrmarket.
http://www.aebrus.ru/index.php

   
   

retour au sommaire

   
       
   

UN GRAND POTENTIEL POUR LES SERVICES

 
         
   

Trois questions à Gaïrat Salimov, analyste pour le secteur industriel à la banque d’investissement Troïka Dialog.

   
         
   

L’Auto Franco-Russe : Quelles sont les perspectives du marché russe de l’automobile ?
Gaïrat Salimov : Le marché va se stabiliser à la hauteur de 2,5 millions de voitures par an. Mais les capacités de production seront plus proches de 3 millions.

- Aujourd’hui c’est un marché d’importation, or vous semblez prévoir des capacités d’export ?
- Exact. Aujourd’hui tous les canaux de transport liés à l’importation sont encombrés. Que ce soit par la Finlande ou par Kaliningrad, sur toutes les routes vous trouvez des semi-remorques qui transportent des voitures. En passant par la Finlande et par St Petersbourg, il faut parfois jusqu’à trois jours pour que le camion transporteur de voitures parcourt les 700 km qui séparent St Petersbourg de Moscou. Mais je pense que dans dix ans ce sera l’inverse, qu’on verra le flux d’exportation grandir. Car il est intéressant de produire un seul modèle en grande quantité, y compris pour l’exportation. Et importer les autres modèles sur le marché russe. Je pense qu’à long terme, les constructeurs mondiaux vont délocaliser l’essentiel de leur production en Chine. Mais les capacités de réaction seront basées en Russie et en Europe de l’Est.

- Malgré le boom automobile, le marché des services semble presque vide aujourd’hui ?
- Effectivement il y a du potentiel pour le développement des réseaux de distribution et de services. Le marché du neuf plus import d’occasion devrait atteindre quarante milliards de dollars dans quelques années. Cela signifie un potentiel de plusieurs milliards de dollars pour le service si l’on prend le ratio de 7% à 10% du neuf.
Aujourd’hui il n’y a presque pas d’acteurs nationaux sur ce segment. Son développement est plutôt le fait des indépendants. Pour un acteur local il est notoirement plus facile de trouver des terrains, de passer des arrangements nécessaires avec les administrations locales. Il y a sans doute de la place pour les entreprises internationales qui veulent construire des réseaux de centres en Russie tout en ayant accès au financement occidental.

   
         
   

l Qui est Gaïrat Salimov ?

   
   

Analyste pour le secteur industriel et partenaire associé de la banque d’investissement Troïka Dialog, c’est un expert reconnu du marché automobile. La banque est spécialisée dans la consolidation des actions. Ses spécialistes peuvent aussi apporter leurs compétences aux entreprises internationales, dans les domaines du consulting, du choix des partenaires, de la recherche des terrains
http://troika.ru/index_eng.jsp

   
   

retour au sommaire

   
         
  SIBUR - RUSSIAN TYRES TyRex AllSteel  
       
    ACTUALITES      
         
   

PLUS DE DOUTE POUR RENAULT

 
       
   

Le projet avec Avtovaz n'ayant pas abouti, l'usine de Moscou sera agrandie rapidement

   
       
   

Après 50 000 Logan vendus en 2006, Renault Avtoframos compte doubler la production en 2009-2010 en portant sa capacité à 160 000 véhicules. Et le constructeur vient de démarrer son projet d’agrandissement de l’usine sur une partie du terrain adjacent, celui de l’ancienne usine automobile. Ce terrain a été vendu aux enchères début décembre 2006 dans des conditions troubles, comme c’est souvent le cas dans les opérations immobilières en Russie. Plusieurs prétendants au rachat ont déclaré avoir été écartés de la vente aux enchères. Avtoframos n’a pas participé à l’opération. Après une rapide bataille judiciaire l’acquéreur, la société Metropol qui se présentait comme une société d’investissement immobilier, a annoncé fin décembre vouloir céder à la Ville de Moscou une partie du terrain (plus de 50 ha) jouxtant celui d’Avtoframos pour un prix proche de 100 millions d’euros. Metropol gardait l’autre partie du terrain séparée de l’usine par une ligne de chemin de fer et un axe routier, pour y réaliser une opération immobilière. La mairie de Moscou a déjà annoncé vouloir apporter une partie du terrain récemment acquis au projet d’agrandissement de l’usine AvtoFramos dont elle est actionnaire. Et sur l’autre partie de ce terrain, la Ville projetterait d’installer des fabricants de composants (aucun nom n’a encore été avancé).
Pendant quelque temps, ce projet semblait menacé. Selon des témoins fournisseurs européens d’Avtoframos, début mars les services d’achat de Renault n’étaient pas en mesure de leur indiquer les lieux de livraison pour les contrats à échéance. En d’autres termes, ils n’étaient pas certains que l’usine resterait sur son terrain à Moscou. Interrogée à ce sujet, la direction d’Avtoframos a nié tout projet de déménagement. L’explication était plus complexe : Renault était en train de négocier un projet de partenariat avec Avtovaz. Ses contours n’ont pas été annoncés, cependant les nouveaux actionnaires d’Avtovaz chercheraient un remplaçant pour GM dont le futur départ de la joint-venture semble très probable. Mais Avtovaz a fini par préférer un partenariat avec le canadien Magna qui venait d’ouvrir son capital à une holding russe. Et Renault a finalisé son projet d’agrandissement à Moscou.
L’usine Avtoframos a déjà coûté quelques 250 millions d’euros. Et le constructeur devrait apporter 150 millions supplémentaires dans le projet d'agrandissement. Visiblement chez Renault on ne sous-estime pas l’importance du marché russe.

   
 

retour au sommaire

   
       
   

LES SYNDICATS DEVIENNENT VISIBLES

 
         
   

Une confédération indépendante prend de l’importance dans l’industrie automobile

   
         
   

La direction de l’usine Ford à Vsevolozhsk à cédé aux revendications des salariés au bout de vingt-quatre heures de grève en février 2007. Située dans la région de St Petersbourg, cette usine assemble des Ford Focus très demandées sur le marché intérieur. Les grévistes réclamaient la négociation d’un accord collectif, la limitation du louage de main d’œuvre extérieure, des protections sociales et un engagement de la direction sur l’évolution des salaires. La grève était menée par un syndicat maison. « Ce mouvement social est confiné dans l’entreprise, il n’a aucune inspiration extérieure, affirment des sources sur place. Chez Ford ils n’en étaient pas à leur première grève, il y en a déjà eu en 2005, et il y en aura sans doute d’autres ». L’arrêt de l’usine a provoqué un manque à gagner égal à 303 voitures, selon la direction.
Deux centrales syndicales sont aujourd’hui présentes sur le terrain. La FNPR réunit plus de quarante syndicats pour un total de 28 millions d’adhérents. Sa réputation est celle d’une centrale héritée de l’époque soviétique, notoirement proche de l’administration de Poutine.
Dans l’industrie automobile une confédération des syndicats indépendants taille des croupières à la FNPR. Son nom : le MPRA, aussi connu sous le label « Edinstvo ». Les syndicalistes MPRA ont organisé la grève chez Ford, ils sont aussi en conflit avec la direction de GM-Avtovaz à Togliatti. Où une leader syndicaliste MPRA licenciée vient d’obtenir une décision judiciaire favorable. Il faut noter que les administrations régionales n’encouragent pas le syndicalisme indépendant, mais ne cherchent pas non plus à s’opposer ouvertement aux actions des syndicats.
Le MPRA vient d’annoncer la création d’un syndicat chez Renault-Avtoframos. Les syndicalistes de chez Ford se sont même déplacés de Vsevolojsk jusqu’à Moscou pour donner un coup de main à leurs collègues. La direction locale du constructeur français a joué la sagesse. Début mai elle reconnaissait au nouveau syndicat la qualité de représenter les salariés de l’entreprise et lui proposait d’instaurer des consultations régulières.

   
   

retour au sommaire

   
         
   

LA FIN DU DECRET 166 ?

 
         
   

La future adhésion à l’OMC impose de nouvelles règles

   
         
   

Le ministère de l’Economie a annoncé qu’il n’allait plus signer d’accords sur l’assemblage automobile avec des facilités fiscales et douanières après le mois de juin 2007. La raison invoquée est celle de la future entrée de la Russie dans l’OMC, et de l’incompatibilité des réductions douanières sélectives accordées à certaines entreprises avec les grands principes de l’organisation internationale. Cependant le maintien des réductions déjà accordées semble aussi poser un problème. La piste étudiée par le ministère est celle d’accorder les mêmes avantages douaniers à toutes les entreprises concernées, pour une période de six ou huit ans après la date d’entrée de la Russie dans l’OMC.
A noter que cette date fatidique est régulièrement repoussée car la Russie ne parvient pas à remplir les règles de l’OMC notamment sur la protection du droit d’auteur, sur la lutte avec le piratage des logiciels, etc. Aux dernières nouvelles, l’adhésion à l’OMC n’est pas attendue avant 2008.

   
   

retour au sommaire

   
         
   

BOGDAN PÂTIT DE LA POLITIQUE

 
         
   

Les différends russo-ukrainiens handicapent la holding

   
         
   

La holding ukrainienne Bogdan envisage de construire une usine d’assemblage à Borsk dans la région de Nijni. Ses prévisions portent une production allant jusqu’à 160 000 voitures par an, essentiellement des Chevrolet Lanos et Aveo, ainsi que 6000 bus Bogdan-Isuzu. Bogdan souhaitait investir jusqu’à 470 millions de dollars dans l’usine, auxquels il comptait ajouter 300 autres millions pour monter la production de composants auto dans la région. Quantitativement c’est un des plus grands projets d’assemblage en Russie. Mais les mauvais rapports entre la Russie et l’Ukraine ont handicapé ostensiblement l’entreprise ukrainienne. En juin 2007 aucun contrat n’a encore été signé.

   
   

retour au sommaire

   
         
   

LES CREDITS TRES DEMANDES

 
         
   

Les banques adaptent leur offre

   
         
   

Près de 274 000 crédits auto ont été accordés par les soixante principales banques russes au courant des six premiers mois 2006, soit 2,2 fois plus que pendant la même période l’année précédente, selon l’agence RBC. Les banques ont sensiblement adapté leur offre notamment en abaissant le salaire minimum d’accès au crédit auto à une valeur mensuelle de 10 000 roubles (environ 333 dollars). Le salaire mensuel moyen dans le pays étant proche de 11 275 roubles soit 375 dollars (novembre 2006), ce sont près de 70% des salariés qui peuvent désormais accéder à ce crédit. En même temps la valeur moyenne d’un crédit auto a atteint 12 400 dollars, contre 10 000 dollars l’année d’avant. Ce qui correspond à une évolution de la consommation : 46,2% des achats concernaient les véhicules dans la fourchette entre 12 000 et 18 000 dollars. 26,5% des achats ont visés les véhicules en dessous de 12 000 dollars.

   
   

retour au sommaire

   
       
   

VECU

     
         
   

OBJECTIF : 200 CENTRES AUTO

 
         
   

Alexandre Trindine, directeur général du réseau des centres auto AV-TO qui appartiennent au pneumaticien Amtel, souhaite développer des centres auto sur les parkings des supermarchés et aussi des petits centres au pied des immeubles.

   
         
   

L’Auto Franco-Russe : Comment analysez-vous le marché d’aftermarket en Russie ?
Alexandre Trindine : La concurrence est très forte de tous les côtés, à commencer par le commerce organisé et jusqu’aux marchés à ciel ouvert… Les fournisseurs des pneumatiques nous considèrent aussi comme concurrents. Le marché n’est pas très transparent. Sur certains produits les prix proposés par nos concurrents peuvent être 40% inférieurs aux nôtres. C’est vrai pour les pneumatiques mais aussi pour les pièces détachées. Les prix proposés sont souvent jusqu’à 30% - 40% inférieurs à ceux des concessionnaires. C’est l’effet des importations « grises », et aussi le travail avec une toute petite marge.
Pareil pour les services, n’importe quel artisan peut poser les pneumatiques dans son garage. Ce dernier temps l’Etat et la ville de Moscou poussent vers la réglementation du marché, pour la certification obligatoire des artisans. Il y a un mouvement vers le marché civilisé. Mais il faudra encore trois ou quatre ans et quelques lois et règlements de plus pour l’atteindre. Et pour l’instant aucune association ne représente les intérêts des acteurs de notre marché. Sans doute qu’il y a encore trop de batailles internes qui empêchent le regroupement.

- Y a-t-il une grande différence entre le marché de la capitale et ceux des régions ?
- A Moscou il faut surtout des pièces pour des voitures étrangères. Mais on ne peut pas savoir avec précision quelles marques, quels modèles. On ne peut pas faire confiance aux statistiques du parc publiées. D’abord parce que ces statistiques proviennent le plus souvent des bases de données volées à la police, on ne sait pas par qui ni à quel moment, dans quelles circonstances. Ensuite parce que les voitures changent souvent de région sans changer d’immatriculation. Et dans les régions c’est encore plus compliqué. Les pièces sont disponibles uniquement sur commande. Parfois elles sont même importées sur commande.

- Vous venez d’ouvrir un centre AV-TO à Moscou, plus grand que les précédents. Quelle sera sa vocation ?
- Ce centre doit servir de pilote. Notre objectif est de poursuivre le développement mais en privilégiant désormais la construction des centres, plutôt que de racheter des centres ici et là, et où on risque de se sentir à l’étroit. Nos futurs centres devront avoir une configuration comprise entre 800 et 1200 m², avec 8 à 12 postes.

- Ces centres vont-ils proposer en priorité des produits de votre maison-mère ?
- Nous appartenons au pneumaticien Amtel et sa marque bénéficie d’une notoriété très forte, de 70% dans le pays et à Moscou, jusqu’à 80%. Mais nous ne sommes pas liés à une marque. Les pneus Amtel et Vredestein ne représentent pas plus de 25% dans nos ventes, en valeur et en volume. Et en plus des pneus nos centres auto proposent des disques, des accessoires, des produits d’entretien et des pièces détachées.

- Quels sont les objectifs de développement d’AV-TO ?
- Pour atteindre l’objectif de vente au détail de 2,5 millions de pneumatiques par an nous allons avoir besoin de 180 centres au minimum. A terme nous voulons devenir le premier réseau national des centres de services, avec 200 à 300 centres. Il sera organisé en business unit régionales. L’entité régionale s’occupe des ventes au détail, de la distribution et de la logistique. Le directeur régional peut décider de se fournir de manière centralisée au prix négocié par la centrale ou bien d’acheter sur place auprès des distributeurs locaux. Cela lui permet parfois de réduire les risques logistiques. Nous regardons systématiquement s’il y a un avantage d’acheter de manière décentralisée.

- D’où provient le stock de ces distributeurs locaux ?
- Cela dépend des produits, des marques... Les grands pneumaticiens importent eux-mêmes leurs produits sur le marché intérieur. Mais pour des produits d’origine coréenne, chinoise, etc, les circuits peuvent être différents. Par exemple les pneumatiques Dunlop de fabrication japonaise sont souvent achetés à Dubaï.

- Quel est le sens de votre accord avec le réseau français Point S ?
- Notre réseau AV-TO se développe uniquement en succursales. Les centres qui souhaitent profiter de notre centrale d’achats tout en gardant leur indépendance, peuvent adhérer au réseau de franchise Point S. Nous pensons que ce réseau va regrouper entre 30 et 50 centres d’ici la fin de l’année 2007.

- Où mettez-vous l’accent dans le développement du réseau ?
- Je pense qu’à l’avenir le prix des pièces va baisser, celui de la main d’œuvre va augmenter. Donc nous allons essayer de faire plus de marge sur la main d’œuvre, sur les services. Il y a des embouteillages dans les grandes villes, les gens perdent beaucoup de temps pour aller jusqu’à un centre auto. Nous allons essayer de développer des petits centres au pied des immeubles dans les « quartiers dortoirs » des villes. Nous allons aussi y proposer le lavage, c’est un service très demandé.
Chez Auchan en France il y a des centres de montage des pneumatiques sur le parking des hypermarchés. Et pourquoi pas chez nous ? Nous allons proposer ce projet aux enseignes de grande distribution comme Metro, à Ikea pour leurs centres commerciaux Méga etc.

- Votre concept fait penser à celui des enseignes de centres auto comme Speedy - or Speedy cherche justement à pénétrer le marché russe…
- Le marché est grand, il y a de la place pour plusieurs. Mais ce n’est pas Speedy que nous prenons comme exemple. Ce serait plutôt le réseau allemand ATU, ou les centres Canadian Tires. A la différence que nous réalisons pas mal de ventes premium. Cela surprend un peu les visiteurs étrangers, quand ils constatent que nos clients roulent aussi en BMW et en Porsche.

   
         
   

l Qu’est-ce que AV-TO ?
Ce réseau des centres auto appartient au pneumaticien russe Amtel. Il a été créé pour optimiser la vente de ses propres produits : les marges des grossistes et des distributeurs en Russie sont réputés élevées. La construction du réseau a commencé par l’achat de deux compagnies, RosShinMaster et une partie du réseau Sever Avto à Moscou, en tout 34 points de vente. Aujourd’hui AV-TO compte 1200 salariés dans près de 120 centres en provenance de 18 réseaux régionaux et entreprises indépendantes. Son chiffre d’affaires est de 230 millions de dollars en 2006. Les centres AV-TO sont présents dans une dizaine de villes (dix-sept villes si l’on intègre les activités de distribution). En 2006 AV-TO a racheté MegaShina, un distributeur de pneumatiques originaire de Nijni Novgorod, et PigMa, un grossiste en pièces détachées, ce qui a permis d’intégrer leurs compétences respectives dans le fonctionnement du réseau.

   
   

retour au sommaire

   
       
   

PRATIQUE

     
         
   

L'AVANTAGE AUX MARQUES QUI FABRIQUENT SUR PLACE

 
         
   

L’implantation des usines en Russie et dans les pays voisins semble favoriser la pénétration des marques automobiles sur le marché russe. C’est ce qui ressort des dernières statistiques publiées par l’Automobile Manufacturers Committee de l’Association of European Businesses à Moscou. Selon l’association, la Ford Focus est la championne des ventes en Russie pour les cinq premiers mois 2007 : 38 102 voitures vendues. Renault Logan est à la deuxième place avec 24 560 voitures. Ils sont suivis par Chevrolet Lanos (21 485), Toyota Corolla (19 734) et Chevrolet Niva (18 579).
A regarder ces statistiques de près, trois des cinq modèles leaders sont fabriqués sur place : les Focus sont assemblés à Vsevolojsk, les Logan chez Avtoframos à Moscou, et les Chevrolet Niva chez GM-Avtovaz à Togliatti. Quant à la Chevrolet Lanos, elle est assemblée en Ukraine. La suite du classement confirme la tendance : à la sixième place, la Daewoo Nexia fabriquée en Ouzbékistan Et pour être exhaustif il faut y ajouter la Hyundai Accent fabriquée à l’usine Tagaz dans le sud de la Russie : 16 707 voitures vendues, neuvième place dans les ventes.
La septième, la huitième et la dixième place dans le classement reviennent dans l’ordre à Ford Fusion, Mitsubishi Lancer et Chevrolet Lacetti.

   
   

retour au sommaire

   
       
   

LA REPARTITION DU PARC

 
         
   

Le parc automobile est très inégalement distribué sur le territoire du pays. Selon les statistiques publiées par la presse, à Moscou on comptait 253 voitures pour 1000 habitants en 2006. Ce chiffre a d’ailleurs doublé en moins de dix ans, dont témoignent des embouteillages monstres dans la capitale. A ce compte, la région de Moscou affichait 241 voitures pour 1000 habitants.
Les régions frontalières, Kamchatka et Sakhalin en Extrême Orient, et l’enclave de Kaliningrad à la pointe ouest de la Russie, comptent entre 245 et 268 voitures pour 1000 habitants. Le parc est formé surtout par des voitures d’occasion importées directement des pays voisins : le Japon pour Kamchatka et Sakhalin (avec le volant à droite), la Pologne et l’Allemagne pour Kaliningrad.
Les habitants de St Petersbourg, deuxième capitale de la Russie, et ceux de la région pétrolière de Tioumen, roulent avec 228 voitures pour 1000 habitants.
Les villes de Samara sur la Volga, de Krasnodar dans le sud de la Russie ou de Magadan, capitale d’une région aurifère en Sibérie, comptent toutes plus de 200 voitures pour 1000 habitants.
Publiés régulièrement, ces chiffres ne reflètent pas complètement l’état du marché. Un grand nombre de voitures immatriculées dans les régions pétrolières et gazières, comme Tioumen, roulent en réalité à Moscou où sont installés les sièges des entreprises de ce secteur.
Cette distribution inégale du parc à travers le pays doit être prise en compte lorsqu’on apprécie la couverture nationale d’un futur partenaire russe. Ici le pourcentage territorial n’est pas pertinent car avec 70% ou 75% du territoire on obtient en réalité une couverture quasi-nationale. Certains territoires éloignés accueillent peu de voitures. En absence de routes de qualité, le parc y est surtout composé des 4x4 de conception locale. Ainsi les deux tiers de la Sibérie ne génèrent quasiment pas de demande pour les services automobiles.

   
   

retour au sommaire

   
       
    PORTRAIT      
         
   

L'HOMME DE L'ANNEE :
VADIM SHVETZOV

 
         
   

La photo officielle

   
   

Après l’achat de Severstalavto début 2007, Vadim Alexandrovitch Shvetsov est devenu la nouvelle star de l’industrie automobile russe.

   
         
   

L’homme d’affaires âgé de quarante ans aime à dire qu’il a tout appris en travaillant auprès du magnat d’acier Alexeï Mordachov. Les deux businessmans ont grandi à Tcherepovets dans le Nord de la Russie, une ville bâtie autour de l’usine métallurgique « Severstal », deuxième producteur de l’acier du pays. Entre 1993 et 1997, Shvetsov dirigeait la compagnie de négoce « Severstal-Invest » qui a servi d’intermédiaire pour l’achat d’actions de « Severstal ». Finalement, le paquet d’actions amassé par la compagnie a ensuite assuré à Mordachov un contrôle total de l’entreprise. En 1997 Shvetsov est devenu directeur des ventes de « Severstal » et s’est occupé de la création du système des ventes sur les marchés intérieur et extérieur.
En 2001 Shvetsov est devenu le premier adjoint de Mordachov. Peu après il prendra la direction du nouveau groupe « Severstal-Avto ». Composé de l’usine automobile UAZ et de l’usine de moteurs ZMZ, ce groupe a été constitué par Mordachov pour contrecarrer son concurrent, l'homme d'affaires Oleg Deripaska qui venait d’acheter l’usine automobile GAZ. Or les camions produits par GAZ utilisent les moteurs produits par ZMZ. Severstal-Avto devenait pour Mordashov une arme de pression. Mais les entreprises UAZ et ZMZ étaient dans un triste état. Shvetsov a été contraint de réorganiser la production. Jusqu’ici il n’a « jamais rencontré de business plus intéressant », selon ses dires. En 2004 le groupe a atteint la rentabilité de 15% et il reste à ce jour l’entreprise russe la plus réussie sur le plan financier. En février 2007 Shvetsov a racheté auprès de Mordachov le groupe qu’il a créé : il possède maintenant 58% de capital. Pour obtenir ce groupe il a dû se séparer de ses actions de « Severstal » et d’autres sociétés de métallurgie. Désormais, il est le seul maître à bord du navire « Severstal-Avto ».

Des méthodes de gestion à l'occidentale

Shvetsov essaie d’utiliser des méthodes de gestion occidentales qu’il a apprises à l’université de Northumbrie dans le Newcastle en Grande-Bretagne, où il préparait son MBA. Tous les cadres dirigeants de Mordachov sont passés par cette école. Afin d’organiser au mieux la production, Shvetsov travaille avec des sociétés étrangères spécialisées en consulting et recrute des cadres étrangers. Il considère qu’en tant que propriétaire d’une grande compagnie il doit surtout s’appliquer à trouver des bons gestionnaires. Après la séparation d’avec son partenaire il a augmenté le nombre de directeurs indépendants faisant partie du conseil de « Severstal-Avto » : maintenant il y en a sept.
Il suit dans le business automobile le «modèle coréen» du développement : l’assemblage sous licence, suivi par la mise en place de la production locale des pièces, et ensuite l’investissement dans l’ingénierie et le design. Il considère que ce modèle est le plus adapté à la situation en Russie, car sa propre industrie automobile y existe déjà.
Vadim Shvetsov n’a pas pu éviter la politique : il a été élu député de la Douma de la ville de Tcherepovets en 1996 et est resté à ce poste jusqu’en 2000. Mais il s’est surtout démarqué par son activité bénévole. En 2003 et 2004 il était à la tête d’une association très influente « Union d’industrie automobile russe ». L’arrêté N°166 dit « l’assemblage industriel » a vu le jour en partie grâce à son lobbying efficace. Cet arrêté à donné une impulsion pour la création massive en Russie des chaînes de montage des industriels étrangers. Et la compagnie de Shvetsov a été la première à conclure un accord d’importation des composants pour l’assemblage des 4x4 Ssang Yong aux conditions préférentielles.

Son opposition aux industriels chinois est légendaire

Shvetsov traine la réputation d’un opposant acharné à la pénétration chinoise dans l’économie russe. Il accuse les industriels de l’Empire du Milieu de concurrence déloyale. Selon lui, les compagnies chinoises font du dumping, car elles sont soutenues par le gouvernement chinois qui verse des subventions et allège les charges des entreprises qui travaillent à l’export. On plaint le constructeur chinois Great Wall qui s’apprête à construire son usine de montage dans la zone économique spéciale « Alabouga » côte à côte avec la nouvelle usine automobile de Severstalavto. Le contrat de construction de l’usine chinoise est d'ailleurs en souffrance dans des ministères russes depuis plus d’un an.
En 2006 Shvetsov est la deuxième personnalité la plus connue de l’industrie automobile russe, la première place étant occupée par le président de la société Ford en Russie, Henrik Nensen. Au début de l’année 2007 la revue « Finance » a estimé son patrimoine le Vadim Shvetzov à 480 millions de dollars.
Vadim Shvetsov aime piloter des avions et c’est aussi un passionné de course automobile et de moto. Pas trop surprenant de la part d’un jeune entrepreneur de l’industrie automobile.

   
   

retour au sommaire

   
       
   

EN BREF

     
   

 

   
   

VENTES

- En 2006 PSA a vendu 27 200 voitures en Russie dont 15 300 sous la marque Peugeot et 11 900 sous la marque Citroën.

- Les ventes de Mazda en Russie ont augmenté de 50% en 2006 pour atteindre 32 300 voitures. Les modèles Mazda 3 et Mazda 6 représentent le gros de ce volume.

- La demande pour les voitures de marques locales a stagné courant janvier-février 2007 provoquant l’accumulation d’un stock de près de 100 000 voitures Avtovaz Lada dans les entrepôts du constructeur et chez des concessionnaires. C’est environ 16% des ventes annuelles d’Avtovaz en Russie.

MARCHES

- Seuls 5% des consommateurs russes pourraient faire confiance à la qualité des voitures chinoises, présentes depuis peu sur le marché russe : c’est ce qui résulte d’une étude menée par le « Centre d’études Chinacom ». Ils sont en revanche 35% à partager un avis positif sur la qualité des produits électroniques. Et près de 63% des consommateurs feraient confiance à la qualité du textile chinois.

- Pour réduire le pourcentage des pièces détachées contrefaites chez ses propres revendeurs et centres de services Avtovaz envisage la possibilité de les acheter de manière centralisée auprès des fournisseurs agrées pour approvisionner son réseau. Le constructeur a aussi mis en place un site d’information ad hoc : http://contrafact.vaz.ru/

- Toutes les limitations à l’usage des GPS viennent d’être levées. Les experts s’attendent à une forte demande pour les navigateurs GPS.

- Rolph, le concessionnaire principal de Mitsubishi a annoncé qu’il allait baisser les prix des pièces détachées de la marque, soit jusqu’à 30% de baisse. Le parc des Mitsubishi est estimé à 280 000 véhicules dont 68 800 vendus en 2006.
La holding Rolph gère des concessions de plusieurs marques dont Audi, Mazda, Ford, Hyundai. Ses ventes se sont élevées à 110 000 voitures en 2005, pour un chiffre d’affaires de 2,4 milliards de dollars.

REGIONS

- Edouard Rossel, gouverneur de la région de Sverdlovsk (Iekaterinbourg) dans l’Oural, estime que sa région est injustement pénalisée car les constructeurs internationaux préfèrent s’installer dans la partie européenne de la Russie. Il se dit prêt à favoriser des implantations des constructeurs dans l’Oural.

- L’administration de la région de St Petersbourg envisage de supprimer toutes les facilités fiscales pour les usines d’assemblage automobile cette année. Les avantages seraient maintenus pour les usines de composants auto.

- Le gouvernement de Moscou propose aux fabricants de composants des terrains mitoyens de l’usine Renault Autoframos.

VIE DES ENTREPRISES

- Weigl Group AG doit construire une usine de composants auto dans la zone économique spéciale Alabouga au Tatarstan.

- L’allemand Kirchhoff va bâtir une usine de pièces de carrosserie à St Petersbourg. Le site doit fournir l’usine de Ford et bientôt celle de General Motors

- Magna International envisage de construire une usine de composants près de Kalouga, pour fournir l’usine de Volkswagen. Quant à son usine à Shushari près de St Petersbourg, elle deviendra opérationnelle fin 2008.

- L’allemand Siemens VDO Automotive vient d’acheter la compagnie russe Avtel qui produit des composants électroniques pour les moteurs automobiles. Son chiffre d’affaires annoncé est de 50 millions d’euros pour 2006. Avtel va approvisionner l’usine de Ford à St Petersbourg et celle de Volkswagen à Kalouga.

- Faurecia Technoplast Automotive a commencé les livraisons des boucliers arrière, des planches de bord et des panneaux de porte à l’usine Renault Avtoframos, à partir de son site à Nijni. Le même site pourrait aussi fournir l’usine Renault en Colombie.

- Severstalavto prévoie d’ouvrir une douzaine d’usines de composants auto à proximité de son usine d’assemblage dans la zone économique Alabouga. Elles devront produire des échappements, des sièges, des pièces plastiques, en partenariat avec les fournisseurs internationaux.

- L’américain Delphi et l’Usine de câbles de Samara ont fondé un joint-venture pour fournir des interrupteurs et d’autres pièces électriques aux usines d’Avtovaz et de GM-Avtovaz. L’usine de Samara appartient au groupe SOK. Les investissements devraient s’élever à 1,5 million de dollars.

- Deux fournisseurs allemands, Robert Bosch AG et Zahnrad Fabrik envisagent de monter des usines à Togliatti pour fournir des composants à Avtovaz. Bosch va fournir des éléments d’ABS et d’injection. ZF va produire des suspensions.

- L’usine de roulements à billes VPZ va fournir des roulements pour Daimler Chrysler. L’entreprise fait partie de la holding EPK qui compte quatre autres usines de roulements. EPK appartient à l’homme d’affaires Oleg Savchenko.

- L’espagnol Ficosa a donné une licence à l’usine Avtocomponent à Nijni, pour la production des rétroviseurs destinés à l’usine Renault Avtoframos. Les partenaires envisagent la création d’un joint venture pour la production de composants. Avtocomponent travaille déjà avec l’allemand Edag.

- Antoine Aoun, directeur des achats de Renault en Russie a indiqué que plusieurs fournisseurs dont Bosal, Inergy et BASF seraient prêts à monter des unités de production en Russie pour fournir Renault Avtoframos dans le cadre de l’élargissement de son usine.

- Siemens AG va fournir deux lignes automatisées pour la future usine d’assemblage Chrysler chez GAZ.

- Le chinois Beijing Automotive Industry a signé un accord avec AMC Group, un producteur de composants situé dans la région d’Oulianovsk, et avec l’administration de la région, pour bâtir une usine d’assemblage de camions et camionnettes. L’usine devrait être opérationnelle en 2008. Sa capacité prévisionnelle est de 70 00 véhicules par an.

- Le finlandais Reka Rubber va produire des composants en caoutchouc à Viborg dans la région de St Petersbourg, pour fournir les usines automobiles de la région.

- Toyota a sollicité la compagnie aérienne AirBridge Cargo pour monter un circuit d’approvisionnement de secours pour son usine en Russie.

- L’usine de pare-brises de Borsk a mis en service une deuxième ligne de fabrication. L’entreprise fournit l’usine de Renault à Moscou et celle de Ford à Vsevolojsk. Dès 2008 une troisième ligne fournira des vitres pour l’usine de Toyota. L’usine de Borsk appartient au groupe Glaverbel – Asahi Glass.

- La future usine de Mitsubishi sera probablement située dans la région de St Petersbourg. Elle devrait devenir opérationnelle en 2010, avec une capacité de 200 000 voitures par an. Selon des sources, le constructeur pourrait envisager un partenariat avec PSA pour cette usine.

- L’américain Tenneco Automotive va construire une usine d’échappements à Gorelovo dans la région de St Petersbourg. Le site va produire 1,5 millions d’échappements par an. Tenneco Automotive a déjà une usine à Togliatti, près de l’usine d’Avtovaz, d’une capacité annoncée de 150 000 ensembles par an, et qui fournit GM-Avtovaz.

- L’usine K&K située à Krasnoïarsk en Sibérie va fournir des jantes en alu pour les Logan de Renault Avtoframos.

- L’italien Magneto Wheels cherche un site pour sa future entité de production des jantes en acier en Russie.

- Le britannique WPT – Eurasia Trans doit investir jusqu’à 50 millions de dollars dans le chantier de son usine à Kingisepp, dans la région de St Petersbourg. L’usine ouvrirait fin 2007 et devrait produire plus de deux millions de jantes en acier par an.

- Volkswagen a lancé un appel d’offres pour les pièces de carrosserie pour sa future usine à Kalouga. Le vainqueur pourrait être invité à approvisionner également l’usine de VW en Inde. L’espagnol Gestamp, le canadien Magna et le britannique Stadco sont sur les rangs.

- Avtovaz envisage le déréférencement de l’usine métallurgique Novolipetsky Combinat au profit de Samsung pour les pièces de tôle destinées à la carrosserie. La tôle de l’entreprise coréenne est jugée de meilleure qualité pour un prix inférieur.

- Après avoir acheté 51% du capital du pneumaticien tchèque Matador, l’allemand Continental est devenu copropriétaire de la joint venture Matador-Omskshina avec une production d’environ 2 millions de pneus par an. Omskshina appartient à la holding pétrolière russe Sibur.

   
   

retour au sommaire

   
         
  YOUR PARTNER TO EXPLORE RUSSIAN MARKETS OPPORTUNITIES : +33 1 47 63 18 18  www.square-strategy.com  
       
   

AGENDA

     
         
    -  Le salon MIMS – Interavto
Du 29 aout au 2 septembre 2007 à Moscou
MIMS fait désormais partie des rendez-vous des constructeurs auto du monde entier. L’année dernière il a accueilli près d’un millier d’exposants sur les 87 000 m² de ses deux pavillons et sur un grand terrain à ciel ouvert.
Le salon se trouve au parc des expositions Crocus Expo, très à l’écart de la capitale, il faut en tenir compte pour le choix de l’hôtel afin d’éviter de perdre plusieurs heures par jour dans les embouteillages.
www.motorshows-ite.com
   
         
    - Une exposition – conférence sur l’industrie automobile en Russie
Du 9 au 12 octobre 2007 à Togliatti
Un événement co-organisé par le constructeur Avtovaz, avec l’objectif d’établir de nouveaux contacts avec des équipementiers.
   
         
    - Les Rencontres franco-russes des acheteurs automobiles
Du 11 au 17 novembre 2007 à Moscou, à Nijni Novgorod et à Togliatti.
Au programme des rencontres avec des services achats des constructeurs locaux : Gaz, Severstalavto, Avtovaz, Sok, et aussi Renault-Avtoframos, Magna, Technoplast (Faurecia), Itelma (Valeo). Une quinzaine d’équipementiers français vont participer à ce voyage d’études organisé par Ubifrance avec la Mission économique à Moscou. L’objectif est d’établir des contacts sur place, des clients ou des partenaires, et de s’informer sur les particularités de ce marché.
www.ubifrance.fr
http://www.vehiculedufutur.com/telechargement/Programme_Auto_Russie_2007.pdf
   
         
    - The Russian Automotive Industry
Du 11 au 13 mars 2008 à Moscou
Une conférence internationale organisée par Adam Smith Institute. Avec des interventions des principaux acteurs de l’industrie locaux et internationaux. On y croise le gratin des dirigeants de l’industrie automobile russe, ainsi que leurs directeurs d’achats.
www.adamsmithconferences.com
   
   

retour au sommaire

   
       
   

BALISES

     
         
    1 008 000 unités : c’est le marché des voitures des marques occidentales en 2006. Dont 265 000 voitures assemblées sur place, selon l’Automobile Manufacturers Committee de l’Association of European Businesses.    
         
   

27,6 millions de pneus de voitures et 10,95 millions de pneus de camions ont été produits en Russie en 2006.

   
         
   

580 416 voitures pour les cinq premiers mois 2007 : les ventes des marques étrangères ont fait un bond de 74% par rapport à la même période 2006, toujours selon l’AEB.

   
   

retour au sommaire

   
         
   
   
         
   

Vous souhaitez recevoir les prochains numéros de l'Auto Franco-Russe ?
Remplissez le bulletin d'abonnement

   
         
    L'Auto Franco-Russe est édité par l'Agence du Fil SARL RCS Paris 487 788 051    
   

La maquette de l'Auto Franco-Russe a été réalisée avec le concours de l'agence Vingt-Quatre Graphisme

   
             
     
   
    AGENCE DU FIL - MASTER THE RUSSIAN MARKET THANKS TO OUR PUBLICATIONS - www.agencedufil.fr